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Le domaine des arts visuels est confronté depuis plusieurs années à une profonde remise en question des modes de rémunération et d’organisation des pratiques artistiques individuelles et collectives. Dans les autres domaines du secteur culturel, différents modèles d’organisation du travail existent et des conditions-cadres de travail ont été négociées depuis plusieurs années. Dans les arts visuels, et encore plus fortement depuis que la crise de Covid-19 a rendu visible la précarité des conditions de travail des artistes (quels soutiens financiers pour le travail effectué hors des moments d’exposition, rendus impossibles par la pandémie ? ), plusieurs changements structurels sont en cours et font apparaître de nouveaux besoins sur le terrain, notamment celui de structures capables de porter et mener à bien ces transformations.

Concrètement, on identifie trois questionnements et enjeux, auxquels ARROI se propose de répondre : 

Quelle viabilité pour les projets de recherche-création de longue durée ?

De nombreux·ses·x artistes développent des pratiques basées sur des méthodologies de recherche aux temporalités longues, dont les manifestations ne sont pas toujours en adéquation avec les formats d’exposition classiques ni avec les modes de financement traditionnels. Ces pratiques se déploient parfois sur plusieurs années et leurs formes de restitution peuvent être sporadiques et multiples (publications, conférences, expositions, réalisation et diffusion de films, etc.). Ces projets font appel à une intelligence collective, nécessitant l’intervention de différents·es·x intervenants·es·x — chercheurs·ses·x, scientifiques, techniciens·nes·x — lors des différentes phases de création et de diffusion des projets. Or, les modèles de financement en place fonctionnant surtout au coup par coup (coût par coût), ces pratiques peinent à être soutenues dans leur globalité et sur le long terme, empêchant les artistes d’être rémunérés·es·x à hauteur du travail conceptuel et artistique engagé. 

→ Il apparaît nécessaire de mettre en place de nouvelles manières d’accompagner durablement le travail de ces artistes qui contribuent à élargir le spectre des pratiques artistiques, et, par là, encourager celles qui ne sont pas uniquement fondées sur le modèle de production effrénée des logiques marchandes.

Obstacles à la consolidation des statuts de travail des artistes

Du point de vue administratif, plusieurs entraves persistent quant à la manière d’encadrer la rémunération des artistes selon le cadre posé par la Loi sur le Travail, à savoir l’indépendance ou le salariat. Cette situation encourage beaucoup d’institutions et de partenaires à avoir recours à des structures tierces, de facilitation à l’emploi ou de “portage salarial”. Or, le recours à ces structures a un coût pour les institutions et peut pénaliser les artistes qui se voient parfois prélevés, sur le montant de leur rémunération, des charges patronales “employeur” en plus de leur part “employé”. Par ailleurs, la “mise en association”, légalement requise pour considérer les acteurs·ices·x culturels·les·x comme des personnes morales pouvant recevoir des subventions, représente une charge administrative très lourde si elle souhaite répondre aux exigences légales et recommandées par les collectivités publiques et les associations professionnelles (affiliation à des caisses de prévoyance, tenue d’une comptabilité, déclaration d’impôts, salariat, etc.). Plusieurs associations, structures et administrateurs·ices·x indépendants·es·x existent, cependant ces structures travaillent en flux tendu et de nouvelles structures sont nécessaires pour prendre en charge la demande et les besoins en administration des artistes.

→ Les artistes contraints·es·x de s’organiser en association bénéficieraient donc de la création d’un système collaboratif et durable, afin de prendre en charge la structuration administrative, juridique et comptable sur mesure de leur association. 

Artistes, collectivités locales et projets d’art dans l’espace public

Beaucoup de communes, villes, mairies, mais également d’acteurs·ices·x du secteur privé font ou souhaitent faire appel à des artistes pour des mandats d’œuvres in situ. Toutefois, les artistes ne sont souvent pas en capacité de prendre en charge la gestion de projets de grande envergure et d’offrir les garanties attendues d’une réalisation complète et de qualité de ces mandats. De leur côté, les collectivités publiques peuvent se voir contraintes de refuser de commander des œuvres aux jeunes artistes faute d’interlocuteurs·ices·x ou d’intermédiaires pour prendre en charge la gestion du projet et assurer sa réalisation technique. Plusieurs modèles de structure palliant à ce problème sont en place dans d’autres pays à la satisfaction de tous, très peu existent encore en Suisse. 

→ Le tissu local bénéficierait d’une structure pouvant prendre en charge le suivi et la coordination de ces projets : d’un intermédiaire entre les besoins des artistes et les prérequis légaux des collectivités publiques ou des mandataires